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A genoux devant sa Reine
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19 septembre 2007

"You have a bad day"

Je ne mentirais pas en affirmant que le mardi 18 septembre 2007 fut une suite presque ininterrompue de catastrophes. Arrivé vers 7h45 au boulot (oui, un quart de travail offert à l'administration parisienne ! le système de relevé des heures ne déclenchant qu'à partir de 8h00. Comme j'ai voté Sarko, je ne me plaindrais pas !!! "La France qui se lève tôt", j'en fais partie), reparti vers 18h30 après une journée plus que pénible. Au menu : des dossiers ultra urgents (les fameux TTU), des agents énervés, le logiciel qui plante, des tracts des syndicats à la pelle via la messagerie interne. "Que du bonheur" comme le scande cette idiote de Flavie Flament ! Heureusement, le fils d'une collègue m'avait acheté des gâteaux du ramadan, en remerciement d'une de mes actions charitables. Geste bien sympathique mais peu compatible avec mon régime. Du coup, j'ai zappé le repas du midi et englouti deux Reine Claude vers minuit, histoire de tenir le coup. Afin d'occuper ma pause méridienne, j'ai flâné au Forum des Halles, en quête d'un pull-over ou de baskets. Mon dévolu se jeta sur un chandail gris aux bandes horizontales bleues marines. Sauf qu'une fois encore, ma taille ne figurait pas dans la pile ! Priorité aux gros comme d'habitude !!! Je me rappelle que durant mon année de vente, nous devions mettre 3 XL, 4L, 3M et 2S en rayon. Néanmoins, je voulais acheter ce pull aussi ai-je foncé dans un autre Célio pour trouver celui qui me conviendrait. Peine perdue. Sauf que quand je décide quelque chose, je mets tout en oeuvre pour atteindre mon but. Conclusion : le soir même, je dénichais l'objet de ma convoitise sur les Champs Elysées. Le seul qui restait en magasin toutes tailles confondues ! Moralité : les gens minces n'arpentent pas cette avenue !

En début de soirée, je retrouvais Chouchou au Théâtre des Champs Elysées pour un concert de musique classique (je précise ce qui semble une évidence aux connaisseurs mais je rappelle que l'époustouflante Arielle Dombasle y triompha naguère avec ses chants latinos !). Au programme : "Sérénade pour dix instruments à vents, violoncelle et contrebasse en ré mineur" de Dvorak, "Concerto n°2 pour piano en la majeur" de Liszt, "Musiques pour cordes, percussion et célesta" de Bartok et une tarentelle de Debussy. Une heure et quart de grande musique dans un cadre magnifique, cela ne se refuse pas. Cependant je plains mes voisins. Non pas que je fus bruyant pendant les oeuvres jouées (contrairement à ceux qui n'attendaient pas les intermèdes pour cracher leurs poumons et jouer les Dames aux Camélias, sans le talent de Greta Garbo !). Simplement, je vociférais pendant les changements d'instruments et l'installation des musiciens. Résultat : Alexandre pouffait de rire et je lui emboîtais le pas. Parmi les gens très collés montés nous détonnions, surtout placés au premier balcon. Je ne détaillerais pas les sujets de rigolade afin de ne pas choquer les personnes prudes qui me lisent. Je précise juste qu'à un moment donné, je ne sais plus comment cela est venu, Alexandre a soutenu qu'il était quasi impossible de trouver des diminutifs à mon prénom. Quelle idées me passèrent par la tête ? Je lui répondis que, gamin, j'en avais trois : "Vain-Vain", "Biquet" et "Vinou" (la plupart donné par ma tante !!). Dès qu'il entendit "Vinou", il éclata de rire et, pendant le morceau de Bartok, je le vis arborer un sourire digne du chat d'"Alice au pays des merveilles" : il n'arrivait pas à se remettre de l'évocation de ce diminutif ridicule.

Une fois sortis, nous projetions d'aller chez lui regarder l'émission la plus délectable de la télévision française : la passionnante et si troublante "Confessions intimes", qui fêtait son grand retour à l'antenne. Après plus de trois mois de sevrage, je trépignais à l'idée de retrouver tous les paumés qui exposent leur triste vie. Les fans de tunning qui délaissent leurs copines (souvent grosses, boutonneuses et errant  en pyjama dans des studios kitschissimes), les fans de vedettes disparues qui font passer leur passion avant leur famille, les couples de beaufs en crise, les petits copains jaloux qui imaginent que leur laideron de petite copine attire le moindre mâle en chaleur du bled. Bref, la lie de la société française ! Mais le jour maudit ne se décidait pas à finir ! Après trois stations parcourues, voici que le métro stoppa brusquement entre deux arrêts, lumières éteintes. La panique totale ! Au bout de cinq minutes, j'entendis des bruits de charbons remués par un quidam près des vitres. Je proclamais alors bien fort : "et voilà, nous finirons la soirée par une prise d'otages...". Pas mécontent de voir que plusieurs passagers m'écoutaient, je continuais sur ma lancée et, après l'annonce par le conducteur du signalement d'un intrus sur les voies, je m'exclamais bien haut : "je ne vois plus que deux solutions : soit nous lui passons sur le corps - et là il contredira ma grand-mère qui affirmait que pour certaines personnes "seul le métro ne leur était pas passé dessus" - soit nous périrons dans un attentat commandité par Al Qaida !". Je reconnais que ce n'était pas très fin et que j'ai joué le petit con mais vu l'ambiance, un peu d'humour noir ne pouvait pas faire de mal... En fin de compte, un quart d'heure de perdu et mon émission qui menaçait démarrer sans moi ! Hors de question que je rate Isabelle Brès proférer son éternel "Bonsoir et merci d'être de plus en plus fidèle à Confessions intimes" ! Ni une ni deux, j'appelle ma mère et, dans un métro aussi silencieux que le cloître de Marmande, lui demande d'enregistrer ce fabuleux programme. Mais le réseau passait difficilement et je fus obligé de répéter trois fois le nom de l'émission et celui de la chaîne qui diffusait ce grand moment de culture. Seule consolation, une fin de parcours en face d'un beau pompier et d'un trentenaire plutôt laid, placés l'un à côté de l'autre et qui portaient le même pull. Comme quoi, on peut revêtir les mêmes vêtements et leur faire honneur ou non !

En conséquence: une fin de soirée à l'eau, un  retour maussade à la maison, vingt minutes de Balzac et de ses Splendeurs et misères des courtisanes (la drague de Nuncingen me fatigue) et direction le refuge de mes rêves.

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Commentaires
A
Eh oui bien que je sois au taf je te laisse un comm vite fait entre 2 factures, boulot oblige..... bravo pour ton récit qui m'a fait sourire à plusieurs reprises, et dis donc je l'ai vu "confessions intimes" je l'avais enregistré, pour rien au monde je voulais râter ce moment très culturel et surtout très très très émouvant !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!<br /> <br /> Gros bisous<br /> <br /> Agnès
A genoux devant sa Reine
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