Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
A genoux devant sa Reine
Derniers commentaires
4 septembre 2007

Violence des échanges en milieu tempéré

J'évoque rarement les films que je vois sur ce blogue. D'une part, j'en visionne beaucoup, et deuxièmement, je n'arrive pas vraiment à exprimer mon opinion, à la matérialiser avec des mots. Mais la semaine dernière, j'ai eu un gros coup de coeur pour un film sorti en 2003 : "Violence des échanges en milieu tempéré". Bien que je déteste résumer une ouvre littéraire ou cinématographique, je vais tenter une ébauche de synopsis.

   Débarqué de province, Philippe, 25 ans, nouvellement diplômé, intègre dans la capitale, un prestigieux cabinet de consultants en entreprise. Avide de réussir, il rencontre le matin de son premier jour de travail dans le métro Eva, mère célibataire en situation précaire. La première mission qu'il se voit confier est un audit concernant une entreprise de province. En fait, il consiste à préparer le rachat encore secret d'une usine par un grand groupe et une compression de personnel. L'intégrité du jeune homme parait ébranlée mais il poursuit sa mission, désireux de se prouver qu'il peut la mener à bien. Avide de réussite et efficace, remarqué par son chef, il parvient à décrocher une nouvelle responsabilité : sélectionner le personnel apte à travailler dans la nouvelle organisation de l'entreprise. Dès lors, il doit se convaincre du bien fondé de sa tâche, malgré ses réticences, et persuader Eva, avec qui il entretient un relation amoureuse, du bien fait de cette nouvelle politique tout en faisant face aux hommes et aux femmes dont il prépare le licenciement. S'attirant la défiance de figures emblématiques de la petite entreprise, Philippe se met à douter. Il cherche même à se défiler et subit le courroux de son manager. Soumis à un choix de vie et de pensée, il décide de s'endurcir, de parachever son projet professionnel et de satisfaire les exigences de son supérieur. Cette nouvelle attitude rejaillit immédiatement sur sa vie privée : alors qu'il veut emménager dans un appartement cossu avec Éva et sa fille, la jeune femme a l'impression de se voir forcer la main et décide de s'éloigner, portant un regard lucide sur celui qu'est en passe de devenir Philippe...
Quelques mois après, Philippe assiste à une fête de son groupe, à laquelle il semble parfaitement intégré. Le final le montre en vacances à la mer sur la Côte d'Azur, petit bourgeois flanqué d'une nouvelle compagne, adulte et ayant choisi sa voie.

Je me rends compte que ce film tombe à point nommé ! En plein audit à la DAC, je comprends mieux en quoi cela consiste. Vu il y a six mois, je n'aurais rien compris au film et à ses enjeux. Déjà, Le titre m'intriguait lors de la sortie en salles. Il traduit assez bien, à mon avis, le monde du travail en France : des rapports de force sous-jacents, des confrontations et des cohabitations sourdes et factices dans un climat de fausse cordialité. Cette vision semble bien pessimiste et pesant mais lorsqu'on y réfléchit bien... Le consulting est exploré de façon critique et précise. Par petites touches, on découvre l'univers de l'entreprise, les enjeux d'un audit et les moyens employés pour le mener à bien mais surtout le parcours du héros, ses doutes, ses états d'âme, ses compromissions et ses choix. Le film frise le documentaire mais reste jusqu'au bout une fiction. Il permet de comprendre ce qu'est un audit, comment il se déroule (entre le chronométrage des gestes du travail, la consultation des livres de comptes, l’insertion du consultant dans tous les rouages, cantine comprise, de l’entreprise auditée et l’art de faire parler ceux qu’il y rencontre) et surtout à quoi ça peut servir. La vision peu reluisante des audits (on est négatif ou on ne l'est pas) épouse la mienne aussi je n'ai eu aucun mal à pénétrer dans le sujet et l'intrigue. D'autant plus que l'histoire reprend le flambeau des romans d'apprentissage du XIXe siècle. Balzac et Rastignac ne sont pas si loin de toute cette ambition et de cette description cynique. Un jeune provincial, un initiateur, un statut social que l'on veut conquérir. N'ayant aucune ambition, ce type de parcours me fascine toujours autant. La compétitivié ne m'intéressant pas et ne faisant pas partie de mon caractère, je me réjouis de ne pas bosser en entreprise, j'en ressortirais broyer.

                     

                                             18368732_w434_h578_q80

Publicité
Commentaires
A genoux devant sa Reine
Publicité
Archives
Publicité