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A genoux devant sa Reine
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8 octobre 2008

La mauvaise chanson.

Parfois la bande son colle parfaitement aux événements auxquels on assiste, parfois non. Dans un bloc de quatre sièges du métro ce matin, un couple de jeunes énamourés. Pas spécialement remarquables, sans particularités frappantes ni revendications particulières. J'écoutais sans doute des morceaux formidables mais impossible d'exhumer lesquels. Les tourtereaux se parlaient avec parcimonie, happés l'un par l'autre, s'effleurant la main par moment, semblant absorbés par les rares mots de l'autre. Scène touchante bien que conventionnelle et vue cent milliards de fois. Sauf que je pensais à cette fichue crise boursière qui mine le moral des troupes. Que j'espérais passer une journée sans mauvaises surprises. Que je comptais me renseigner sur ces religieuses "pop art" de chez Ladurée qui remplacent celles à la violette (ces putains de religieuses à la violette que je voulais offrir à ma mère, que je devais déguster avec Julien quand les finances deviendraient fastes). Alors le cliché romantique, très peu pour moi en fait.  Au milieu de cette indifférence générale (celle des individus entassés et la mienne), je tombe sur le regard d'une femme entre deux âges, tailleur Chanel, qui dévore la scène qui se joue contre nous. Un regard mouvant, au milieu d'un visage impassible, expressif, dévorant. Tout se jouait dedans. Véritablement météorologique, toute une gamme de sentiments y passait, se confondaient l'espace de quelques secondes. Elle semblait partager entre la bienveillance, l'émerveillement - touchée visiblement par cette exhibition pudique - et la nostalgie, la mélancolie, l'envie vraisemblablement, son regard se durcissant par moment à la vue de ce qui se jouait. A son âge, elle devait penser que ça ne risquait plus de lui arriver, en tout cas dans cet état d'inconscience juvénile. Heureusement pour elle, peut-être. Cette pensée semblait la troubler, la déranger. Parmi l'agitation matinale et les consciences en éveil, cette bulle de bonheur apaisait. Un peu de douceur dans ce monde de brutes, d'individualistes, d'aigris ! Au même moment, je me rappelais ces mots de Barbara dans la chanson "Parce que (je t'aime)" : "J'en ai vu, comme nous, qui allaient à pas lents et tombaient à genoux dans le soir finissant. Je les ai retrouvés, furieux et combattants, comme deux loups blessés. Que sont-ils maintenant ?". Plus le temps de réfléchir à leur prochaine rupture, Nation déversait son flot de voyageurs vers ses couloirs et je descendais au pas de course.

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