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A genoux devant sa Reine
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3 août 2007

Bergman.

Dans le métro de Londres, en lisant les quotidiens gratuits distribués partout dans la ville, j'ai appris la mort d'Ingmar Bergman. Un petit encart pour signaler sa disparition, tandis que les tupitudes des starlettes et des footballeurs se voyaient octroyer des pages entières... Je viens de lire sur le net qu'en France, les journaux télévisés avaient peu parlé de sa disparition, préférant saluer dans leurs éditions la mémoire de Michel Serrault, parti le même jour. Cela reflète bien la tendance actuelle qui nivelle la culture par le bas. Entre un génie du cinéma, dont l'apport est incontestable, et un histrion franchouillard, le choix des médias me désole. "La cage aux folles" repasse à 21h tandis que "Persona" vient remplir une case à 0h30... Certes, le premier attirera des millions de télespectateurs mais proposer un chef d'oeuvre en prime time n'aurait pas fait perdre des milliards aux dirigeants d'une chaîne. De plus, célébrer autant Serrault, le porter aux nues, lui et ses films, me semble bien exagérer. Entre ses navets de la fin des années cinquante et les évocations campagnardes, dégoulinantes de mièvreries, de ces dernières années, je ne vois pas en quoi sa carrière peut paraître exemplaire !

Heureusement que le dvd permet de retrouver la quasi intégralité de la filmographie bergmanienne. J'essaierai d'en revoir le plus possible à mon retour en France, en possédant bon nombre dans la dvdthèque. Le premier film vu de ce cinéaste restera, si ma mémoire ne me joue pas un tour, "Sonate d'automne", avec Ingrid Bergman et Liv Ullman. Je devais avoir 16 ou 17 ans. La puissance dramatique et l'intensité du jeu des acteurs m'avaient littéralement scotchées. Dans mon esprit, à l'époque, les oeuvres de Bergman étaient hérmétiques, à périr d'ennui, déprimantes, plein de solennité et remplies de questions métaphysiques, de problèmes de couples... Le choc ressenti en visionnant ce film me poussa à vouloir en voir d'autres... Je pense que l'on peut tout reprocher à son cinéma sauf d'être morose. Ceux qui prétendent le contraire n'ont jamais dû voir un de ses films ou alors leur cerveau demeure tellement gavé de crétineries américaines qu'ils ne peuvent plus apprécier la qualité et l'intelligence de son cinéma. Et puis voir un Bergman, c'est en ressortir élevé, secoué, apaisé ou traumatisé.

Un souvenir futile me revient : lors du 50e festival de Cannes, canal + organisait un concours où il fallait deviner quel cinéaste se verrait remettre le prix célébrant cet anniversaire. Je retournais un coupon avec pour réponse "Bergman". Bingo, fin mai, il se voyait couronner et je recevais quelques semaines plus tard un petit ouvrage sur les grands moments du festival.

Je ne compte pas jouer la carte de l'originalité aussi je publie l'image la plus célèbre parmi ses chefs d'oeuvre, la partie d'échecs du "Septième Sceau" (et non du "Septième sot" comme l'orthographiait le communiqué de l'Elysée...).

a1_septieme_sceau1

Dans le film, les échecs sont un symbole quasi métaphysique, celui de la quête du chevalier, qui veut savoir et non plus croire, faire triompher la raison sur la foi.

Un chevalier revenu des Croisades rencontre la Mort au bout de la mer et obtient un sursis en jouant une partie d'échecs avec elle. Ainsi gagnera-t-il du temps pour découvrir le sens de la vie. "Le Septième Sceau" se révèle une plongée historique dans la peur, le destin des hommes et des femmes (à l'époque médiévale) et surtout une fable philosophique sur la recherche de l'être et le questionnement sur le sens de la vie. Dans cette histoire, la mort est omniprésente (la peste noire, le retour des Croisades). Le chevalier passera le temps qui lui est imparti à réfléchir sur la raison de tant de souffrance. La troupe de théâtre qui sillonne le pays pour divertir les villageois sera finalement sauvée de la mort en raison de leur poésie, leur simplicité et surtout l'amour qui leur permettra d'échapper à la danse macabre.

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Commentaires
C
Choquant, y a pas d'autres mots... On a tellement peu parlé de la mort de Bergman que je l'ai appris par hasard une semaine après! Comme s'il avait pas compté dans le cinéma, le garçon... Ah, Le Septième Sceau! Et Cris et chuchotements!
S
Ok je me suis légèrement emporté mais il reste que l'hommage à Serrault était démesuré ! Parmi ses grands rôles, n'oublie pas "Nelly et M. Arnaud" et "Rien ne va plus"...
M
D'accord avec toi sur le génie de Bergman mais pas d'accord sur une approche somme toute réductrice de Serrault. Il va de soit qu'en se basant sur une carrière passée faite de "navets" que Serrault lui-même a reconnu comme tel, on peut ne pas trouver légitime l'hommage qui lui a été fait mais d'un autre côté il ne faut pas oublier au cinéma "garde à vue", "les fantomes du chapelier", "petiot", "assassins" où Serrault s'est révélé un acteur hors pair et, pour la télévision je reste impressionné par "monsieur Léon" et "l'affaire Dominici"...<br /> Bon y a pas de quoi se facher, comment pourrait-il en etre autrement avec quelqu'un qui idolatre farmer et affectionne tant marie laforet....
O
Quel écart passer entre deux posts de Bézu à Bergman !<br /> Pourquoi passer tant de temps sur des ringardises et critiquer ensuite Serrault ?<br /> Question musique il serait temps aussi de faire le grand saut et découvrir plein d'oeuvres boulversantes, du côté de l'opéra par exemple !
A genoux devant sa Reine
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